Organisation de la Coopération Islamique
La Voix Collective du Monde Musulman

SESSION EXTRAORDINAIRE A PARTICIPATION NON-LIMITEE DU COMITE EXECUTIF DE L'OCI SUR «LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET L'EXTREMISME VIOLENT » COMMUNIQUE FINAL

Date: 15/02/2015

Le Comité exécutif ministériel de l'OCI a tenu une réunion d'urgence au siège du Secrétariat général de l'OCI à Djeddah, le 15 Février 2015, pour délibérer sur la menace posée par l'extrémisme violent et le terrorisme dans le monde musulman, et sur la propagation du terrorisme et de l'extrémisme violent qui se poursuit sans répit et frappe de nombreux États membres de l'OCI. A l’issue de discussions et de délibérations exhaustives, la réunion a convenu à l’unanimité de ce qui suit :
  • 1. La Réunion a rappelé les dispositions pertinentes de la Charte de l’OCI relatives au terrorisme, à l'extrémisme et à la promotion de la modération ; Elle a rappelé en outre les instruments juridiques pertinents de l'OCI, en particulier le Code de conduite de l'OCI pour la lutte contre le terrorisme(1994), et la Convention de l'OCI sur la lutte contre le terrorisme international (1999), de même que le Programme d’action décennal(2005) et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2199 (2015).
  • 2. La Réunion a réitéré sa position de principe de condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et quels qu’en soient les auteurs, les instigateurs, le lieu ou les mobiles ; elle a rejeté catégoriquement toute tentative d'associer au terrorisme un quelconque pays, race, religion, culture ou nationalité.
  • 3. L’accent a été mis sur le rejet des actes terroristes qui ont touché les États membres, à savoir:
    • A- La Réunion a réitéré sa condamnation des violations continues des droits fondamentaux du peuple palestinien et de la pratique du terrorisme d'État par Israël dans les territoires occupés, et en particulier, les attaques inhumains visant à la fois la terre, l’homme et les lieux saints d’Al Qods et le bouclage imposé à Gaza au mépris total du droit international et du droit international humanitaire.
    • B- La Réunion a condamné les crimes odieux commis par Daesh sur le territoire de l’Irak et contre le peuple irakien, et dénoncé en particulier et dans les termes les plus énergiques le crime abject et atroce commis par l'organisation terroriste qui se fait appeler «État islamique » en brûlant vif le pilote jordanien captif Muath Kasasbeh ; elle a exprimé la solidarité pleine et entière des États membres avec la Jordanie, son roi, son gouvernement et son peuple, dans ses efforts de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, et a fait part de sa gratitude pour les sacrifices consentis par les forces armées jordaniennes, tout en appelant instamment la communauté internationale à travailler en étroite collaboration avec les autorités jordaniennes pour traduire en justice les responsables de ces actes terroristes.
    • C- La Réunion a également condamné les actes de terrorisme qui se sont produits en Afghanistan, en particulier l'attaque ayant visé un terrain de volley-ball dans la localité de Paktika le 24 novembre 2014, et celles qui ont visé une école à Peshawar le 16 décembre 2014, l'hôtel Corinthia de Tripoli, en Libye, le 28 janvier 2015; la récente escalade dans les opérations terroristes ciblant les villes égyptiennes durant le mois de janvier, dont l’attaque terroriste de la péninsule du Sinaï du 29 janvier 2015; les massacres perpétrés par Boko Haram à Baga en janvier 2015, et l'enlèvement de centaines d'étudiantes à Chibok; ainsi que les attaques et les tueries répétées commises par les organisations "Daesh" et "Boko Haram", "Al Shabaab ", Al-Qaïda " et autres groupes terroristes du même acabit.
    • D- La Réunion a souligné que ces crimes sont en contradiction totale avec les valeurs humanitaires islamiques et universelles, sachant que toutes les organisations terroristes qui ont commis ces crimes ont adopté une idéologie extrémiste et radicale et sont liées à l'afflux d'armes, de djihadistes et de terroristes aguerris. A cet égard, la Réunion s’est félicitée de toutes les mesures prises et de tous les efforts déployés par les États membres pour lutter contre le terrorisme international, conformément à la Charte de l'Organisation et aux traités et autres accords et mécanismes internationaux pertinents.
  • 4. La Réunion a exprimé sa profonde préoccupation à la suite de la détérioration de la situation politique et sécuritaire en République du Yémen, qui met en péril la sécurité, la stabilité et l'intégrité territoriale du Yémen. Elle a demandé, à cet égard, à toutes les parties de recourir aux seuls moyens pacifiques, à renoncer à la violence et œuvrer pour la reprise du processus politique sur la base des termes de référence de l'initiative du Golfe, de ses mécanismes d’application, des résultats du dialogue national et de la mise en œuvre de la Résolution 2140 (2014) du Conseil de sécurité. La Réunion a rejeté toutes les mesures unilatérales prises par les milices Houtistes dans le but d'imposer le fait accompli par la force, et d’essayer de changer les composantes et la structure de la société yéménite. La Réunion a exprimé son soutien aux autorités légales et aux institutions établies. Elle a dénoncé le maintien en détention du président yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi, du Premier ministre Khaled Bahah, et de plusieurs ministres et hauts responsables dont elle a exigé la libération immédiate, et a rejeté la soi-disant loi constitutionnelle décrétée par les milices Houtistes. La Réunion a appelé dans ce contexte, le Conseil de sécurité des Nations Unies à prendre une décision en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies qui prévoit des mesures concrètes et urgentes pour maintenir la paix et la sécurité internationales, lesquelles se trouvent menacées en l’occurrence par la poursuite du coup d'Etat contre les autorités légitimes au Yémen.
  • 5. La Réunion a exprimé son entière solidarité avec le Nigeria et les pays du bassin du lac Tchad face à l'escalade des attaques lancées par l'organisation terroriste "Boko Haram". Elle s’est félicitée des efforts déployés au niveau régional pour former un groupe de travail conjoint devant servir de cadre structurant à la coordination des efforts des pays de la région dans leur lutte contre Boko Haram, qui pose toujours une menace à la sécurité et à la stabilité de la région.
  • 6. La Réunion a exprimé sa profonde préoccupation devant la montée de l'intolérance et de la discrimination contre les musulmans telles qu’illustrée par la recrudescence de l'islamophobie en Occident, qui constitue un véritable affront aux droits de l'homme et à la dignité des musulmans. À cet égard, elle a rappelé la résolution 16/18 du Conseil des droits de l’Homme intitulée «lutte contre l'intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation et la discrimination, l’incitation à la violence et la violence contre les personnes fondés sur la religion ou la conviction" (A / HRC / RES / 16/18) en tant qu’outil important pour lutter contre la radicalisation, la marginalisation et l'aliénation, et a appelé à sa mise en œuvre par la communauté internationale comme moyen de priver les groupes terroristes de toute justification de l'extrémisme violent, soi-disant en réaction à la stigmatisation ethno-religieuse et à la discrimination .
  • 7. La Réunion a reconnu que le terrorisme ne peut être vaincu par les seuls moyens sécuritaires ou militaires et que toute l'attention à accorder à ce fléau, l’analyse et les plans d'action concrets à mettre en œuvre doivent nécessairement aborder le phénomène du terrorisme à travers les dimensions et aspects suivants:
    • a. Les contextes politiques et socio-économiques qui constituent un terreau fertile pour la propagation du terrorisme et de l'extrémisme violent, comme la frustration économique prolongée, l'exclusion, l'aliénation, la séparation et la marginalisation des personnes, et le démantèlement forcé des institutions politiques, juridiques, sécuritaires et socioculturelles.
    • b. L'impact profond des injustices historiques faites aux peuples colonisés ou sous occupation, les souffrances qu’ils ont endurées et la destruction forcée de leurs institutions nationales, de leur culture et de leur identité et le déni de leurs droits à l'autodétermination.
    • c. La nécessité de faire face à toutes les formes d’idéologies radicales afin de délégitimer les actes de violence et les tromperies perpétrées au nom de la religion, du dogme ou des allégations de supériorité culturelle.
    • d. La nécessite de mettre à jour les instruments pertinents de l'OCI en matière de lutte contre le terrorisme, notamment le Code de conduite pour la lutte contre le terrorisme, la Convention de l'OCI sur la lutte contre le terrorisme international et les nombreuses résolutions émises par les différents organes de l'OCI en vue de répondre efficacement aux nouvelles tendances du terrorisme et de l'extrémisme.
    • e. La nécessité d’entreprendre des démarches au niveau international pour la convocation d’une conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme et l’adoption d'une définition consensuelle du terrorisme.
    • f. La nécessité de se pencher sur les causes sous-jacentes de la violence sectaire et sur les tentatives de politisation des différences doctrinales, avec cette prétention que le madhib aurait valeur d’identité fondamentale, et les campagnes menées en vue de la conversion des musulmans de telle école de pensée à une autre. g. L’hypothèse d’une infiltration par des parties externes des groupes terroristes et extrémistes dans le but de servir leur propre agenda politique, et la menace des combattants étrangers, non-arabes et non-musulmans.
    • h. Le rôle des médias et l'avènement du cyber-terrorisme avec le recours des groupes terroristes aux nouvelles technologies de l'information et de la communication à des fins de recrutement et d’incitation au terrorisme.
  • 8. À la lumière de ce qui précède, la Réunion a appelé à engager d’urgence les actions suivantes:
    • a- La Réunion a demandé au Secrétariat général de convoquer une réunion de juriste et d'experts du terrorisme pour réexaminer la Convention de l'OCI de 1999 dans le but de mettre en place les mécanismes appropriés pour contrer les nouvelles tendances du terrorisme dans les Etats membres de l'OCI. La Réunion a également invité le Secrétaire général à veiller à maintenir la dynamique du débat sur le terrorisme international, la criminalité transfrontalière, et les développements sécuritaires, en organisant des conférences, des symposiums et des ateliers groupant les dirigeants politiques, les chefs religieux et traditionnels, les universitaires etc., en collaboration avec les partenaires de l'OCI, y compris les Etats membres et non-membres, ainsi que des conférences spécialisées pour la révision des programmes de l’enseignement.
    • b- La Réunion a invité le Secrétaire général à établir des partenariats pertinents avec les autres organisations internationales et régionales sur la lutte contre le terrorisme et l'activation du « Centre sur le terrorisme international » de l'ONU pour coordonner les efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme ; elle a félicité l'Arabie saoudite pour sa contribution de 100 millions de dollars à titre de soutien de sa part aux activités du Centre, tout comme elle a salué la coopération établie entre l'OCI et la Direction exécutive du Comité de l'ONU contre le terrorisme (DECT).
    • c- La Réunion a demandé au Secrétaire général d’approcher les États membres pour les inviter à plus de solidarité avec les pays frappés, et à travers des investissements générateurs d’emplois en vue de combattre le chômage et la misère.
    • d- La Réunion a demandé au Secrétaire général de travailler avec les États membres en vue de cristalliser le nouveau paradigme consistant à s’attaquer au problème de front et à remédier aux causes de la violence sectaire.
    • e- La Réunion a invité le Secrétaire général à collaborer avec les États membres pour explorer les voies et moyens d'autonomiser les jeunes et les autres communautés susceptibles d’être exploitées par les groupes terroristes, afin de les rendre moins vulnérables au risque de recrutement et de radicalisation.
    • f- La Réunion a demandé au Secrétaire général d'organiser une réunion d'experts des États membres pour réfléchir sur les voies et moyens permettant de faire face à la problématique de la cyber-sécurité en tant qu'urgence avérée, et ce dans le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales et de la primauté du droit.
    • g- La Réunion a demandé au Secrétaire général d’inciter les États membres à adopter, - conformément à leurs engagements en vertu de la Convention de l'OCI et des autres accords internationaux pertinents-, les mesures nécessaires et appropriées en vue de prohiber toute incitation au terrorisme, de s’abstenir de fournir toute forme de soutien direct ou indirect aux entités ou individus impliqués dans les actes de terrorisme, de tarir toutes les sources de financement du terrorisme en s’abstenant de verser une rançon pour libérer des otages, et en bannissant cette pratique, d’éviter les motifs de discorde et de dissensions parmi les musulmans et toute incitation à la violence et à l'extrémisme envers d'autres pays, de respecter la volonté des peuples de choisir librement leurs représentants, et de s’abstenir d’accueillir les groupes subversifs, de leur donner asile, de les financer ou de les aider à lancer des campagnes politiques de quelque façon que ce soit.
    • h- La Réunion a demandé au Secrétaire général d'organiser une série de réunions, ateliers, colloques et conférences à l’intention des Ulémas, de l’intelligentsia et des sociologues qui se focaliseront sur le démantèlement du discours de l'extrémisme et du sectarisme. Elle l’a invité à ouvrir des canaux de communication avec les communautés musulmanes en dehors des États membres, pour mieux faire ressortir le discours imprégné des valeurs consubstantielles à l’Islam, qui ont nom : modération, justice, égalité et tolérance, et à suivre les actes de violence commis au préjudice de ces communautés.
Allah est Le garant du succès والله ولي التوفيق

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